La Magie et l’Amour existent. Il n’y a pas de mots à la fois plus simples, plus puissants et parfois plus solitaires. Nous vivons à peu près tous avec nos blessures et nos rêves d’enfants et nous avons tous le souvenir de cet instant fondateur, ce point de bascule dans nos histoires et nos drames personnels où, pour ne plus souffrir, nous avons fait le choix de fonctionner avec notre tête, de nous couper de nos émotions, de ne pas ressentir et de ne pas se risquer au-delà de ce qui se maîtrise, au-delà de ce qui est une visée raisonnable ou à raisonner.
On troque notre spontanéité pour le mode automatique, le dissocié de l’expérience, le fantôme de la vie. C’est ainsi que je me suis représentée l’école d’abord, l’université ensuite et ce “monde du travail” qui génère autant de maladies professionnelles que de conseils en tous genres pour “matcher”, se travestir, devenir un profil correspondant à un standard, devenir tout entier le sourire du Joker et rentrer à la maison avec l’entrain d’un Sim’s, le vide de soi au ventre et les yeux incapables de regarder en face la supercherie d’une vie qui nous condamne à la figuration. On choisit souvent consciemment de tuer l’étincelle.
J’entends d’ici la grogne aveugle et lobotomisée/ante des tenants d’un système qui repose sur la croyance qu’on doit suer, se sacrifier, se renier, qu’il n’y a pas de travail plaisant, qu’on ne peut “succomber” à nos passions, qu’on est pas dans un monde de bisounours… expression normo-pensante qui consacre la limite et le dédain de la contrainte (auto)proclamée.
Mais on ne s’arrête généralement pas à la vie professionnelle. Combien de fois nous ne nous limitons pas dans nos expériences personnelles et amoureuses? Combien de fois n’acceptons-nous pas des modes de vie, des relations que l’on condamne d’emblée à la médiocrité, des gens qu’on choisit à défaut de se co-Naître pour ne pas souffrir, pour s’organiser une vie et des sentiments lisses et planifiés, pour cadrer aussi à une société dont les règles relatives à l’engagement amoureux et à la famille reposent sur un héritage culturel et un code civil qu’il serait bon de regarder avec la distance nécessaire pour faire un choix conscient d’adhésion ou de rejet.
La Magie, c’est l’âme qui agit …
Il n’y a de servitude que volontaire et si on fait l’effort de remuscler nos cerveaux, nos cœurs et nos corps engourdis par des couches de conditionnement, de croyances et de peurs, les possibles sont bels et biens ouverts à condition de faire preuve de courage et de mettre autant d’ardeur dans la mise en œuvre de ce qui nous fait vibrer que dans ce qui a fondé nos renoncements de jadis.
Laisser l’âme agir, ou laisser nos rêves nous porter. Se centrer sur ce qui nous fonde, ce qui nous donne envie d’enlacer la vie et celles et ceux que l’on aime sincèrement, portés par cette conviction et cette force extraites de nos ombres qui font de nous des êtres uniques se baladant sur leur chemin singulier.
Ce n’est ni du rêve, ni du délire, c’est tout simplement une possibilité que l’on se refuse hélas généralement sous le couvert du bon sens … tout seul … à force de ne plus croire en rien d’autre que la limite, le manque, la privation.
“La Magie et l’Amour existent” est un cri du cœur, qu’il faut assumer à l’heure des silos, des canalisations, de l’empêchement. Cela n’a rien de mièvre.
C’est le cri de mon cœur lors d’une de ces soirées magiques où l’intimité des âmes fait reine l’âmitié et scelle des prises de conscience mutuelles pour un monde résolument meilleur; non pas parce qu’on détiendrait la Vérité, mais parce qu’on crée un espace où les vérités sont toutes bonnes à dire et équivalentes.
C’est un cri de ralliement que nous avons poussé car il représente une vision du monde qui dépasse nos expériences singulières. C’est ce qui nous sort des tripes quand on constate les positions limitatives, les schémas et l’absence de courage à aller se confronter à des peurs et des blocages. Cela n’existe pas dans notre monde la soumission, la compromission. Et s’il faut trébucher encore, peu importe … à force de discussion et de travail avec soi on contribue à faire de ce monde un espace plus connecté et conscient.
L’Amour …
Quand je pense à l’amour, à la liberté, la beauté je pense souvent à une licorne, pas comme un avatar d’une propagande puritaine et médiévale, mais comme expression de ce que l’esprit du Cheval a à nous apprendre en la matière, car il incarne sagesse, grandeur, ouverture humble et majestueuse, il est à l’intersection de la magie du ciel et des foulées au galop sur la terre, être de lumière qui inonde le cœur en un instant par de la chaleur, de la force et l’apaisement d’être accueilli tel-le que nous sommes. Il est aussi équilibre entre masculin et féminin.
La licorne quant à elle nous invite aussi à nous délester de nos fardeaux.
La dernière Licorne ou la dernière fois que je tourne le dos à ma Magie ? A la faculté qui est mienne de laisser mon âme agir pour le meilleur des scénarios pour moi …
Qui sommes-nous quand nous acceptons ce qui ne nous convient pas ? Où se trouve notre souveraineté, notre pouvoir de décision? Dans quelle mesure sommes-nous encore connectés à nous-mêmes, nos besoins, nos envies et même à l’autre?
Alors je vais quitter le questionnement pour parler un peu de moi, de mes clients. Non parce que je souhaite convaincre, mais parce que je suis persuadée que cela pourra éventuellement permettre à certaines et à certains de se sentir moins isolés dans cette quête absurde de l’amour de l’autre sans s’aimer soi dans ses blessures.
En 1982, sortait un dessin animé qui a bercé mon enfance et mon sentiment d’être à part: la Dernière Licorne. Le dessin animé retrace la solitude d’un être magique dans un monde limité par le désir de possession, la tristesse, l’errance de l’âme humaine, l’absence d’amour. Croire en la magie est non seulement une preuve d’audace, mais également un chemin parsemé d’embuches, d’escrocs, de fantoches poussiéreux qui entretiennent le feu de leur désespoir. On en pleurerait. A la fin, non seulement elle n’est plus seule, mais une déferlante de licornes la rejoint. Elles retournent alors dans leur forêt enchantée.
Au centre de toutes nos (non)histoires, de nos histoires ratées, de nos vies parfois ternes, nous sommes dans ce même sentiment de solitude, nageant en pleine incompréhension voire même dans l’injustice. Le cœur fermé, parce que c’est ce qu’on a nous appris. On pourrait tout autant le désapprendre et commencer à ouvrir le cœur et à parler “vrai”. On pourrait donc retrouver également celles et ceux qui nous parlent vraiment.
On veut bien aimer à condition que cela ne fasse pas “trop” de vagues, que ce soit agréable, sans peur, sans ombre, sans engagement. On veut de l’amour pantouflard. “Je t’aime, mais j’ai peur de mes sentiments” diront certains, “la connexion entre deux êtres n’est pas affaire de magie, mais d’habitude” diront d’autres, les sentiments se domptent et se contiennent au barbelé s’il le faut …. “On a plus 15 ans, on a des responsabilités”; à commencer par celle de se gâcher la vie sciemment.
On préfèrera alors plutôt se souvenir que de vivre les histoires. De belles choses qui se terminent par une “tu es et tu resteras LA ou LE dans ma mémoire ” mais pour qui je n’ai eu le courage que de la fuite… On préfère se les raconter pour soi, à l’abri, devant des écrans entre déni et délire masturbatoire de se féliciter d’être adulte, raisonnable et aussi triste que celles et ceux qui nous ont précédé et nous ont inculqué qu’une vie ça se gagne, que l’amour c’est pour les contes de fées et que la Magie n’est qu’affaire de superstition et de fous qui se sont éloignés du sens du devoir.
Tout se joue sur fond d’une lutte entre nature et raison, comme si écouter le cœur, retrouver le sauve-âge nous ferait perdre la vie ou nous condamnerait à une quelconque malédiction. Pourtant on y gagnerait à redevenir sourciers et sourcières de notre vie.
Nous vivons dans une telle habituation à la dissociation qu’il semble même curieux voire incompréhensible à certains d’exiger une connexion spirituelle, affective et corporelle lorsque la question de l’intimité se pose. Qu’on parle d’intelligence émotionnelle depuis les années 1960 ne semble manifestement pas suffisant pour venir à bout de la culture névrotique cartésienne.
Nous revivons nos schémas, nos peurs, nous sommes aveuglés et plutôt que d’embrasser cette part d’ombre pour grandir, nous la fuyons. Bien que j’ai la chance d’exercer un métier qui permet de voir au-delà, la vie ne m’épargne pas pour autant les déconvenues et les dialogues de sourds. Je ne cesserai cependant pas de croire à la nécessité de changer de regard, d’oser être soi, de se confronter en présence à ce qui semble être répétitif, à nettoyer et à rester ancrée, connectée, ne pas accepter n’importe qui, n’importe quoi, juste par conformisme.
Même la plus infime graine risque de germer et de contribuer à faire la différence.
Et quand on laisse la lumière du dialogue véritable entrer par choix ou par brisure, un autre mode de relation est possible et donc un autre monde aussi où l’âme agit dans l’amour non conditionné.
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