Socialement, il n´est pas toujours de ton bon d'exprimer nos tourments et nos souhaits pour ce qu'ils sont. Une impression qui peut être présente dès l´enfance, que l'on a pu éprouver de manière directe à travers des paroles, des gestes ou de manière indirecte en captant l´opprobe dans le non-verbal de nos parents, camarades , et plus tard partenaires, collègues, patrons, amis ...
Au fur et à mesure de nos expériences qui viendront renforcer nos croyances en la matière, nous sortirons alors petit à petit, mais de manière certaine, de nous-même.
Pourtant et parallèlement à ce désinvestissement du soi, on ne pourra s'empêcher de remarquer que parmi ces mêmes parents, partenaires, amis, collègues, ou des détenteurs d'une quelconque autorité ressentie par nous, certains semblent entièrement eux-mêmes et parviennent à se faire entendre, de même que leur tristesse, colère, peur sans en avoir honte et sans détours.
Curieusement, on se surprendra à les écouter, les trouver légitimes et pour celles et ceux qui se plient à s´en faire mal, ils aimeraient peut-être tellement leur ressembler qu ́ ils voudront une fois encore changer pour devenir quelqu'un d'autre, ... Ils en feront des modèles de réussite avec une croyance qui viendra éventuellement en bonus "il y a des leaders et des suiveurs". Un écueil que la culture de l´évaluation constante par rapport à une norme de l´élève, du travailleur, du manager, de l´ami, du partenaire de vie ou d´un temps, ne fera que renforcer.
Qu'est-ce qui distingue donc ceux qui pourraient être qualifiés de leaders, de ceux qui se contorsionnent en quête de visibilité et d´acceptation?
La confiance en soi? Certes, mais pas que. Si cela devait être suffisant, il suffirait alors de jouer simplement le rôle pour s´y sentir à l´aise. Ce que nous faisons tous dans une certaine mesure quand le contexte nous semble trop en décalage par rapport à notre intériorité. Mais on a beau être confiant en soi ou en ses capacités d'acteur, on n' est pas nécessairement plus heureux. Il manque quelque chose. Il manque de la joie.. du sens. On se manque à soi.
Par-delà la confiance en soi, c ́est l ́estime de soi qui est cruciale pour se sentir en vie, ce dont toute existence faisant office de figuration est dépourvue .. comment donc s'estimer ou prendre le contre-pied de la confiance en soi en mode "je change pour plaire, cadrer, donc je ne suis plus" ou en mode suiveur d'un programme caricatural de développement personnel ou de business coaching? Par l'acceptation inconditionnelle de notre vulnérabilité et de notre capacité à l'exprimer.
Si cela vous semble facile ou tarte a la crême formulé en ces termes, alors permettez-moi un interlude illustratif du propos. Imaginez un instant que face à un enfant en pleurs qui a peur ou exprime de la colère, un adulte lui rétorque sèchement une phrase assassine du genre "non mais toi, ta gueule, on s´en fout, tu ne comptes pas" ce serait évidemment odieux, crapuleux, insoutenable et jamais nous ne pourrions imaginer dire une chose pareille à un enfant, ni le tolérer si nous devions en être le témoin.
Pourtant et pour toutes les fois où nous n´avons pas osé communiquer la vérité sur nos besoins, nos craintes, nos limites, nous n'aurons pas fait mieux que l'odieux personnage de mon exemple. Nous nous sommes rejetés pour cadrer à l´image d'une norme, des attentes et des contraintes intégrées, par essence variables en fonction de nos vécus subjectifs.
Ainsi, ressentir de la vulnérabilité ne signifie pas être vulnérable. Oser l'exprimer nous renforce, fait partie d´une existence adulte. C'est le fait de se taire qui crée la faille et la violence et qui attirera autant de fois que nécessaire à la bonne compréhension de la leçon, des personnes qui ressembleront au personnage tyrannique de mon exemple comme métaphore de notre rapport à nous-même.
La vulnérabilité est essentielle à un chemin d'authenticité en marchant main dans la main avec le courage et l´asservité. Car si jouer un rôle est facile, s'affirmer à partir de qui on l'on est vraiment demande le courage de l´intégrité et la responsabilité de s´aménager son confort au-delà du ronron de nos duperies du soi.
Alors non, il n'y a pas de vulnérabilité fragile pas plus qu'il n'y a de force dans un serrage de dents à s'en faire péter la mâchoire. Ceux qui le prétendent sont soit fous, soit morts-vivants. Et au fond, ce n'est qu'une représentation du monde qui n'est pas la mienne mais qui me permet de me connaître davantage. En cela, merci et je ne mangerai plus de ce pain qui englue.
La vie est une danse, un chemin tortueux mais magnifique; pourvu qu'on se soutienne en soi et qu'on voyage en bonne compagnie. La vulnérabilité est pour moi ce qui nous rend humains, ce qui nous relie à la joie aussi.
Ce chemin je l'ai réemprunté grâce aux chevaux vers la trentaine à un moment où je me suis sentie perdue, trouvant la réussite sociale et les chemins tous tracés vides. J'ai toujours aimé le théâtre, mais au théâtre et on ne triche pas face à un cheval. Alors on pourra nous enseigner (à s´en faire saigner le cœur) des techniques pour monter à cheval, tout comme on nous enseigne à avancer dans la vie en prenant des postures empruntées et en faisant abstraction de nos émotions. Jouer au leader sans l'avoir trouvé en nous. On le peut, ça tiendra un temps, tout comme on tiendra en selle, et même après quelques tours de galop, de pirouettes et d'obstacles, on en sortira vides. Alors que la même chose est possible, joyeuse et nourricière quand nous nous acceptons et évoluons en fonction de qui nous sommes vraiment. C'est là que la magie opère.
On suit son alignement, les chevaux nous suivent en liberté et chacun, chacune est un leader, dès lors que l´espace d´expression est libre et authentique.
Alors souriez à toutes celles et ceux qui considéreront qu´exprimer sa vulnérabilité est un signe de faiblesse et tournez les talons, éventuellement en compagnie de Pégase ou de la Licorne, en prenant votre chemin, votre voie, dans l´harmonie d´être au monde.
Diana Van Oudenhoven
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